Description
Cette tapisserie d’importance a été tissée dans la 1ère moitié du XVIIe dans un des ateliers parisiens dirigé par de Comans situé au faubourg Saint Marcel (atelier, qui formera avec d’autres la future Manufacture Royale des Gobelins dès 1662).
Le sujet de cette tapisserie est un condensé de deux épisodes mythologiques racontés tous deux dans le premier livre des Métamorphoses d’Ovide* et représentés ici dans un paysage boisé unifiant l’ensemble.
Ces épisodes mythologiques sont prétexte à démontrer la grande qualité d’exécution des lissiers de ces ateliers parisiens et l’intelligence du cartonnier qui propose un récit bien ancré dans un cadre verdoyant faisant ainsi écho aux traditions de l’art de la tapisserie avec les verdures.
La large bordure d’origine de cette tapisserie est d’un grand effet décoratif. Très chargée, elle évoque les riches décors de la Régence. Elle déploie un programme décoratif très riche en ornements avec une prédilection pour certains motifs comme les cuirs découpés, les amours, les coquilles. On y trouve notamment des allusions à Cupidon avec les amours et à Apollon avec les couronnes de lauriers. La polychromie modérée de cette bordure est en harmonie avec le paysage de la composition centrale.
Ainsi, nous observons une grande qualité de dessin, celui-ci est soigné avec une véritable recherche de profondeur grâce à la succession des différents plans. A noter également la finesse d’exécution (8 fils/cm) des lissiers, qui avec une grande minutie ont permis de retranscrire les moindres détails.
Une observation approfondie de cette tapisserie permet de la rapprocher des tentures de Métamorphoses tissées dans les ateliers parisiens et tout particulièrement celui d’Alexandre de Comans qui dirigea la manufacture du faubourg Saint-Marcel de 1635 à 1654 (cf. l’ouvrage SAUNIER, Bruno, éd. Lisses et délices. Chefs d’œuvre de la tapisserie de Henri IV à Louis XIV. Paris, 1996. p. 192-197)
Bon état de conservation, doublée, des auréoles sont à signaler (Cf photos)
Dimensions: Hauteur: 288 cm, Longueur: 382 cm
*La scène représentée au premier plan est racontée dans les Métamorphoses (1, 262-262) dans laquelle Apollon (ici représenté à droite, assis les jambes croisées, avec une longue chevelure ondulante dorée, un halo de rayons de soleil autour la tête, un drapé pourpre, portant une lyre de la main gauche et l’index levé pour prendre la parole) s’adresse à Cupidon (ici représenté au centre, marchant en sens contraire, son arc dans la main droite tandis que sa gauche positionnée dans son dos vient soutenir son carquois), le regardant de haut : « Faible enfant que fais-tu de ces armes pesantes ? Ce carquois ne sied qu’à l’épaule du dieu qui peut porter des coups certains aux bêtes féroces comme à ses ennemis, et qui vient d’abattre, sous une grêle de traits, ce monstre dont le ventre, gonflé de tant de poisons, couvrait tant d’arpents de terre. Contente-toi d’allumer, avec ton flambeau, je ne sais quelles flammes amoureuses, et garde-toi bien de prétendre à mes triomphes. »
La seconde scène représentée en second plan à gauche se réfère à un autre épisode du premier livre (1, 267-268).Celui où Mercure (représenté ici avec son casque et sandales à ailes) s’empare de son glaive pour tuer Argus (représenté ici endormi sur un rocher).
Argus avait été chargé par Junon de surveiller la nymphe Io, transformée en génisse par son amant Jupiter. Envoyé par Jupiter, Mercure endorma au son de sa flûte le berger pour délivrer Io.
« Mais au moment de faire ce récit, le dieu qui reçut le jour sur le mont Cyllène s’aperçoit qu’Argus, succombant au sommeil, a fermé tous ses yeux. Il cesse de parler, et les touchant de sa baguette puissante, il appesantit encore les pavots dont ils sont chargés. Soudain, de son glaive recourbé, il abat la tête inclinée du monstre, à l’endroit où elle se joint au cou ; précipité du haut de la montagne, le tronc roule, et souille en tombant la roche ensanglantée. »
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